©AfreePress-(Lomé, 19 septembre 2023)-Le Togo est aux prises avec une pénurie généralisée de carburant. Un phénomène qui a débuté, dimanche 17 septembre 2023. Cette situation a contraint les automobilistes à faire la queue pendant des heures pour s’approvisionner en carburant dans les rares stations-services encore ouvertes.
Après plus de 24 heures, la situation est en train de s’améliorer, selon le ministère du Commerce, de l’Artisanat et de la Consommation Locale, qui évoquait un retard dans la livraison des produits pétroliers.
Les conséquences directes
Les conséquences de cette situation ont été énormes. Plusieurs stations de vente de produits pétroliers ont peiné à s’approvisionner. Sur l’axe Sanguéra-Lomé, la seule station-service encore en opération est celle de la société Total Energies située au quartier Avénou, a constaté dans la soirée du lundi 18 septembre, un reporter de l’Agence de presse AfreePress.
Le spectacle observé là-bas était apocalyptique. Une longue file d’attente attendait devant la station avec des véhicules qui obstruaient littéralement la route.
Les activités économiques, en particulier dans le secteur des transports, étaient au ralenti. Les plus affectés par la situation ont été les conducteurs de taxis et de taxi-motos.
« Cette situation est très grave », a déploré Germain Allofa, chauffeur de taxi.
« Je suis arrivé ici depuis 13 heures parce que j’ai eu une panne sèche. J’ai dû pousser la voiture depuis Adidogomé douane dans l’espoir de trouver du carburant dans une station-service », poursuit-il. Mais jusqu’à 17 heures, Germain n’était pas encore servi. Une journée de travail perdue, déplore-t-il très amer.
Cette situation a poussé des conducteurs à abandonner leurs véhicules garées au bord des routes et à poursuivre leurs courses à dos de moto faisant grimper les prix des courses à moto dans la capitale togolaise.
Ce fut le cas de Kossi Akakpo. De retour du travail, ce fonctionnaire d’État a été atteint par une panne sèche à la hauteur du carrefour Franciscain (axe Lomé-Adidogomé). Avec l’aide de quelques passants, il a réussi à pousser la voiture jusqu’à la station-service la plus proche où il a dû l’abandonner pour rentrer chez lui.
« Comme vous pouvez le constater, il y a déjà une longue queue ici malgré que le carburant ne soit même pas encore arrivé. Je n’ai pas le choix, je vais rester un peu pour voir si le camion-citerne débarque pour livrer l’essence. Dans le cas contraire, je dois abandonner le véhicule et rentrer à la maison», dit-il à contrecoeur.
Au niveau des tenanciers des stations de distribution d’essence, on peine à trouver des explications pour justifier la situation.
« Actuellement, je ne sais pas exactement quand nous allons être approvisionnés. Nos clients disent qu’ils sont déçus par nous, mais en réalité, le problème ne se trouve pas à notre niveau. Ce sont nos supérieurs hiérarchiques qui doivent débloquer la situation », a confié un gérant d’une station-service rencontré par AfreePress à Lomé.
Le manque de carburant a entraîné la diminution considérable du nombre de véhicules dans la circulation. Les heures de pointe sont devenues des heures normales où les véhicules se font rares sur les routes. Des propriétaires de véhicules préférant emprunter les transports en commun pour leurs courses plutôt que leurs voitures.
Une aubaine pour les vendeurs de carburant de rue
Le manque de carburant dans les stations d’essence du pays oblige les consommateurs à se tourner vers le marché noir. Et c’est une aubaine pour les rares vendeurs de carburants de rue, ceux qui en disposent encore.
Ils font désormais la pluie et le beau temps et profitent de la situation pour faire grimper les prix. Le prix du litre d’essence de rue est passé de 700 F CFA à 1500 F CFA ou 2000 FCFA à d’autres endroits de la capitale.
« J’ai payé le carburant à 1500 FCFA le litre parce que je n’avais pas le choix. Je suis sorti de chez moi avant de constater qu’il n’y a pas de carburant dans les stations-services », a témoigné Blaise K., conducteur de taxi-moto.
Devenu rare dans les points de vente et cher chez les vendeurs de rue, le carburant est actuellement plus recherché que de l’or. Plus la situation va perdurer (la situation est en train d’être réglée selon plusieurs sources), plus la vie socio-économique va être profondément impactée.
« Je ne peux pas payer le litre de carburant à 1500 F CFA et prendre les clients aux prix habituels. Je dois forcément augmenter le prix du transport pour pouvoir gagner quelque chose pour nourrir ma famille. Au même moment, les commerçants que nous transportons vont aussi vouloir augmenter les prix des denrées alimentaires parce que le transport est devenu plus cher qu’avant. Nous prions nos autorités d’agir rapidement avant que la situation ne se complique davantage », a conseillé Ben Richard, conducteur de taxi.
Selon les dernières informations, plusieurs stations d’essence ont été approvisionnées dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 septembre 2023. La situation revient de plus en plus à la normale.
Raphaël A.